7.11.05

Integração - II

"(...)la France devient une société multiculturelle, même si elle refuse de se l'avouer. Le "melting-pot" de l'intégration, qui a transformé des générations d'Espagnols, d'Italiens et de Portugais en bons Français—en apprenant à leurs enfants à réciter des leçons d'histoire sur "Nos ancêtres les Gaulois"—a beaucoup plus de difficultés à assimiler les vagues d'immigrés arrivés après la guerre, du Maghreb, de l'Afrique subsaharienne et d'autres pays non européens.(...)
Une large proportion des immigrés et de leurs enfants arrivés après la guerre sont originaires d'Algérie ou d'autres anciennes colonies d'Afrique du Nord. Alors que la première génération de ces travailleurs immigrés comptait revenir au pays, leurs enfants ont vécu dans une sorte de "no man's land" culturel, déchirés entre leur pays d'accueil, qui ne les acceptait pas vraiment, et leur pays d'origine, que la plupart n'avaient jamais vu. "Leurs parents ne voulaient pas s'intégrer, affirme le sociologue Jean Viard, du CNRS. Mais leurs enfants sont nés ici, ils ont appris le français, ils n'ont jamais rien connu d'autre. Ils sont pris entre deux feux." Aujourd'hui, en tant que citoyens à part entière et électeurs potentiels, de nombreux enfants issus de la deuxième, voire de la troisième génération, réclament la place qui leur revient et l'égalité des chances que leur doit la République.###
La majorité de cette population est concentrée dans des banlieues et les grands centres urbains comme Lyon ou Marseille. Ces regroupements ont entraîné la création d'enclaves qui ressemblent beaucoup à des ghettos. Par ailleurs, de fortes migrations et un taux de natalité élevé ont fait de l'islam la deuxième religion en France. Ces banlieues ouvrières à forte composante immigrée ont engendré une culture spécifique (...)
"Les dix prochaines années, prédit Bernard Cathelat, sociologue, verront l'avènement du multicommunitarisme. Nous n'avons pas les mentalités ni les institutions adéquates pour être une société multirégionale et multiculturelle. Ce n'est pas seulement un problème d'immigration, mais aussi régional, notamment en Corse et au Pays basque. Nous allons payer le prix fort de tous ces siècles de centralisation. Le grand danger pour la société française est l'implosion en microgroupes sociaux."